La vie d'Adèle - Chapitre 1 et 2

Sortie le 9 octobre 2013.

Réalisé par Abdellatif Kechiche, scénario de Ghalya Lacroix et Abdellatif Kechiche d'après l’œuvre de Julie Maroh.

Acteurs: Léa Sedoux (Emma), Adèle Exarchopoulos (Adèle), Salim Kechiouche (Samir), Jérémie Laheurte (Thomas), Catherine Salée (Mère d'Adèle), Aurélien Recoing (Père d'Adèle), Mona Walravens (Lise), Fanny Maurin (Amélie), Alma Jodorowsky (Béatrice), Benjamin Siksou (Antoine), Sandor Funtek (Valentin), Baya Rehaz (Meryem), Benoît Pilot (Beau-père d'Emma), Anne Loiret (Mère d'Emma), Karim Saidi (Kader), Tom Hurier (Pierre), Camille Rutherford (Camille), Vincent Gaeta (Vince) et Aurélie Lemanceau (Sabine).

Histoire: A quinze ans, Adèle ne se pose pas de question: une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s'affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...

Mon avis: Après une longue polémique sur Abdellatif Kechiche ou encore Léa Seydoux, les critiques aussi bien presses que spectateurs, ma curiosité autour de ce film c'est attisé. Si Steven Spielberg en a fait la palme d'or du dernier festival de Cannes, c'est qu'il doit bien y avoir une raison. C'est donc dans l'idée de voir un film de trois heures, traitant de la découverte de la sexualité homosexuelle d'une jeune fille, avec des plans tirants davantage sur le porno, et d'ailleurs un film qui ne montre que des plans de ses ébats. Et pourtant la vie d'Adèle est avant tout une jeune fille à une période de la vie où tout n'est que question: orientation professionnelle, découverte de son corps de femme, de sa sexualité, de sa personnalité, de ses envies, de son avenir... C'est donc en pleine tourmente que nous la rencontrons, quand les doutes sont son lot quotidien, pendant sa quête d'identité. Puis elle rencontre Emma, tombe follement amoureuse d'elle, et rentre dans un fonctionnement de couple, de vie différent. Ce film est magnifiquement porté à l'écran, on ne ressent à aucun moment les trois heures, on se laisse porté par la vie d'Adèle, on se remémore notre passé avec ses mêmes questionnements, cette recherche et quête d'identité. Abdellatif Kechiche a choisi de centrer son plan sur Adèle, occultant ce qui l'entoure, c'est intéressant de tourner de cette manière pour ce centrer pleinement sur son personnage, mais c'est long, je voulais voir ce qui l'entourait de manière plus nette, ce qui sera le cas plus tard. Ses plans nous aident à suivre l'évolution d'Adèle sur un plan personnel et dans sa relation avec Emma. Mais on voit également comment chacune d'elle vit cette relation, la différence entre les familles, les personnalités et les professions des jeunes filles. Le premier chapitre du film est plutôt bien réussi, malgré quelques incohérences comme par exemple le discours des lycéens qui reflétaient selon moi plus celui des collégiens (peut être ma représentation qui est mauvaise). Même cette fameuse scène qui a tant fait couler d'encre et de salive, sur la sexualité de la jeune fille est nécessaire, alors oui on rentre dans l'intime du personnage, on a l'impression d'être des voyeurs, mais je ne me suis pas sentie gênée. C'est l'amour, comme on le vit tous les jours, c'est l'acte sexuel qu'on pratique quand on aime, bref c'est le quotidien de la vie amoureuse et de la vie quotidienne. Le chapitre deux en revanche traite de la vie d'une Adèle professionnelle et dans sa vie quotidienne avec Emma. Je l'ai trouvé beaucoup moins bien réussi et peu crédible. Dans un premier temps, on ne comprend pas tout de suite qu'on a avancé dans le temps, le personnage n'ayant pas changé dans son style extérieur ni sa personnalité. Celle-ci est institutrice mais parle comme lorsqu'elle était lycéenne, d'une manière qui ne colle pas avec sa profession. Elle a toujours la même coupe d'ados, le même style vestimentaire, les mêmes codes de l'adolescent. Emma elle évolue dans sa peinture, son art, son évolution personnelle et aimerait qu'Adèle en fasse de même. On va alors vivre un nouveau chapitre de la relation amoureuse, émouvant, bouleversant, incompréhensible. J'ai trouvé dommage que ce chapitre n'est pas été plus soigné, le film perd un peu de sa auteur. De ce faite en sortant de la salle, j'aurais tout d'abord été curieuse de connaître l'avis des spectateurs dont la moyenne d'âge faisait partie de ceux qui était contre le mariage pour tous ou encore l'adoption, voir l'existence des homosexuels. Et j'ai aussi compris pourquoi ce film avait reçus la palme d'or, je la trouve mérité, c'est une fresque de vie, celle à laquelle on s'identifie tous, brillamment porté à l'écran par son réalisateur et magnifiquement interpréter par Adèle Exarchopoulos qui a une vrai présence à l'écran, même si son côté adolescent ressort parfois trop, sa ne l'empêche pas de bien jouer. Léa Seydoux est également pas mal, je ne suis pas fan de cette actrice et j'ai le sentiment qu'il manquait un je ne sais quoi à son personnage. Je pourrais parler de ce film pendant des heures, mais j'ai peur de trop spoiler, mais il recèle tellement de sujets, tellement de questions, de la beauté visuelle, une certaine poésie à l'écran et dans les dialogues, bref j'ai adoré vraiment et je ne regrette pas d'avoir laissé ma curiosité m'envahir. Je le recommande à ceux qui ne l'aurait pas vu, ceux qui on une capacité d'analyse et de remise en question des personnages et de sa personnalité, ceux qui aime la beauté des relations amoureuse.

4 étoiles.